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Finalement, SFR ne mettra pas la main sur Bouygues

Finalement, SFR ne mettra pas la main sur Bouygues

Bouygues a dit « non » à SFR. Numericable-SFR, propriété du groupe Altice, dirigé par Patrick Drahi, offrait 10 milliards d’euros pour cette acquisition. Dans un communiqué diffusé mardi 23 juin au soir, Bouygues évoque une décision prise « à l’unanimité » :

« Le conseil est convaincu que le marché des télécoms est à l’aube d’une nouvelle ère de croissance portée par le développement exponentiel des usages numériques. Il considère que Bouygues Telecom est particulièrement bien placé pour bénéficier de cette croissance sachant qu’il dispose d’un avantage concurrentiel fort et durable grâce à son portefeuille de fréquences et à son réseau 4G reconnu comme l’un des meilleurs du marché. »

Le conseil a par ailleurs estimé que « l’offre présente un risque d’exécution important qu’il ne revient pas à Bouygues d’assumer ».

L’annonce ne plaisait pas non plus au gouvernement et en particulier au ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui craignait que cette « consolidation » ne soit dommageable au secteur de la téléphonie mobile. « L’emploi, l’investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or les conséquences d’une consolidation sont à ces égards négatives, comme l’ont prouvé les cas récents en Europe », avait-il déclaré dimanche.

Patrick Drahi, le fondateur d’Altice, avait réussi, en mars 2014, à s’emparer de SFR à l’issue d’une longue bataille contre Bouygues Télécom. L’homme d’affaires est à la tête d'un empire des médias et des télécommunications comprenant notamment les publications L'Express et Libération.

Lundi, le directeur général de Numericable-SFR avait tenté de répondre aux objections, soulevées dès dimanche par M. Macron puis réaffirmées par le premier ministre Manuel Valls, en assurant que ce projet se faisait « au bénéfice de l'investissement et des consommateurs ». « La réunion de nos deux réseaux va nous permettre de donner un coup d'accélérateur aux investissements dans le très haut débit fixe et mobile sur tout le territoire », avait assuré Eric Denoyer.

Quelles conséquences ?

Bouygues Telecom avait déjà par le passé suscité la convoitise de ses autres concurrents. Orange et Free  avaient lancé des offres, toutes rejetées par Martin Bouygues. « Vous vendriez votre femme, vous ? » avait-il expliqué, en février dernier, en présentant les résultats du groupe.

Une consolidation dans le secteur était pourtant jugée bénéfique par une majorité d'analystes. L'agence de notation Moody's trouvait qu'une telle opération avait du « sens en termes de stratégie » pour Numericable-SFR et « offr(ait) la possibilité de réaliser d'importantes réductions de coûts en terme de doublons et de structure organisationnelle ».

Les syndicats des deux opérateurs étaient à l'inverse très inquiets et mettaient en garde contre les conséquences sur l'emploi, en raison de « doublons à la pelle » entre Numericable-SFR (environ 10 600 salariés) et Bouygues Telecom (environ 8 800).

Source: Le Monde